Jugement sur la vie privée dans l’automobile
Un juge fédéral a récemment rejeté le renouvellement d’une action collective qui accusait quatre grands constructeurs automobiles – Honda, Toyota, Volkswagen et General Motors – de violer les lois sur la vie privée de l’État de Washington. Cette accusation se fondait sur l’utilisation par ces constructeurs de systèmes d’info divertissement embarqués dans les véhicules pour enregistrer et intercepter les messages texte privés et les journaux d’appels téléphoniques des clients.
Impact de la décision judiciaire sur l’espionnage de vos données privées
La décision prise par le juge d’appel de Seattle a été favorable aux constructeurs automobiles. Selon lui, cette pratique ne constitue pas une violation de la vie privée illégale selon la loi de l’État. Cette décision a des implications importantes, car elle affecte cinq actions en justice liées, dont une contre Ford, déjà rejetée en appel.
Les plaignants des quatre affaires encore actives avaient fait appel d’une précédente décision de rejet. Toutefois, le juge d’appel a statué que l’interception et l’enregistrement d’activités téléphoniques ne répondaient pas aux critères de la loi sur la vie privée de l’État de Washington, qui exige de prouver que «ses affaires, sa personne ou sa réputation» ont été menacées.
La collecte de données par les constructeurs automobiles
Dans l’un des cinq cas, les plaignants ont intenté une action en justice contre Honda en 2021, arguant que depuis au moins 2014, les systèmes d’info divertissement des véhicules de la société commençaient à télécharger et à stocker une copie de tous les messages texte des smartphones lorsqu’ils étaient connectés au système.
La société Berla Corporation, basée à Annapolis, Maryland, fournit cette technologie à certains constructeurs automobiles, mais ne la propose pas au grand public. Selon le procès, une fois les messages téléchargés, le logiciel de Berla rend impossible pour les propriétaires de véhicules l’accès à leurs communications et journaux d’appels, mais permet l’accès aux forces de l’ordre.
De nombreux constructeurs automobiles vendent les données des propriétaires de voitures aux annonceurs comme tactique pour augmenter leurs revenus, selon un rapport antérieur de Recorded Future News. Les constructeurs augmentent de manière exponentielle le nombre de capteurs qu’ils placent dans leurs voitures chaque année, avec peu de réglementation de cette pratique.
Espionnage et questionnement sur les dangers pour la vie privée
Ce jugement soulève des questions cruciales sur la vie privée dans l’ère moderne des véhicules connectés. Les technologies embarquées dans les véhicules, comme les systèmes d’info divertissement, deviennent de plus en plus intrusives, recueillant et stockant des données personnelles sans le consentement explicite des utilisateurs. Ces pratiques posent des questions éthiques et légales importantes :
- Consentement Éclairé : Les propriétaires de véhicules sont-ils pleinement conscients de l’étendue des données collectées par leurs voitures ?
- Sécurité des Données : Comment ces données sont-elles protégées contre les accès non autorisés ou les abus ?
- Usage des Données : À quelles fins ces informations sont-elles utilisées et dans quelle mesure les propriétaires ont-ils un contrôle sur cet usage ?
- Réglementation et Contrôle : Existe-t-il des cadres réglementaires suffisants pour encadrer ces pratiques et protéger les droits des consommateurs ?
Ces interrogations s’inscrivent dans un contexte plus large de débats sur la vie privée à l’ère numérique, où la frontière entre la commodité technologique et la protection des données personnelles devient de plus en plus floue.